LES DROITS DE L'HOMME
		 

Mais d'abord qu'est-ce qu'un homme ? On peut répondre que c'est un être vivant et les amis des bêtes nous diront que tout être vivant a des droits. Qui en a décidé ainsi ? L'homme bien sûr. L'homme décide aussi des droits des autres espèces animales que la sienne et les meilleurs amis des bêtes décideront de faire châtrer leur "cher compagnon" pour qu'il ne souffre pas d'une libido insatisfaite. Quand j'écris "l'homme décide", en réalité, il ne fait qu'obéir aux principes exigeants de son propre bien-être. Il ne pense d'ailleurs pas autre chose, en dehors des discours humani- taires, à l'égard des enfants du Biafra, du Bangladesh, du Sahel ou d'ailleurs, décharnés, mourant de faim, couverts de mouches, qui, comme ses "chers compagnons", n'ont qu'à trouver un bon maître qui les nourrisse, les tienne en laisse et organise chez eux une contraception efficace, car ils ne lui sont d'aucune utilité. L'homme est donc un être vivant qui a des exigences fon- damentales pour vivre : boire, manger et copuler, toutes acti- vités nécessaires à la survie de l'individu et de l'espèce. Il ne s'agit pas de "droit" mais d'une "nécessité". L'âne de la noria, il faudra bien lui fournir l'avoine et l'eau nécessaires au maintien de sa structure d'âne et à la compensation de l'effort thermodynamique dépensé pour monter l'eau du puits, si l'on veut continuer à bénéficier de sa force de tra- vail. Get âne n'a aucun droit, mais il rend service à son pro- priétaire.

Mais cette nécessité n'est satisfaite que si en échange l'individu fournit au groupe social pour le maintien de ses échelles hiérarchiques un certain "travail" participant à la production des marchandises. D'où l'apparition d'un "droit au travail". On aurait pu aussi bien décider d'un droit à la paresse. Mais la propriété privée ou d'État qui charpente les hiérarchies n'y aurait pas trouvé son compte. II faut donc parler dans ce cas, non d'un droit de l'homme, mais du droit des dominants à conserver leur dominance. On a appris aux individus peuplant les zones tempérées du globe que leur devoir était de "travailler à la sueur de leur front", et cet automatisme culturel est si bien ancré dans leur système ner- veux qu'ils exigent aujourd'hui le droit de faire suer leur front pour la croissance du monde productiviste et le main- tien des hiérarchies. Au chômage, ils souffrent de ne pouvoir réaliser l'image que ce monde leur a donnée d'eux-mêmes.

Sur ces besoins fondamentaux, nous avons vu que se greffe l'apprentissage, entrepris dès la naissance, de la façon dont l'individu peut les assouvir. Apprentissage des règles sociales, des récompenses (salaires, promotions sociales, biens de consommation, décorations, pouvoirs) et des puni- tions si ces règles ne sont pas respectées. Les droits de l'homme ne sont plus alors que les droits de l'ensemble social à maintenir sa structure, quelles qu'en soient les règles d'établissement, à l'est, à l'ouest ou au centre, à droite ou à gauche. L'État, c'est-à-dire la structure hiérarchique (théo- cratique, aristocratique, bourgeoise, bureaucratique, tech- nocratique, etc.), est omniprésent. On parle du droit des peuples à disposer d'eux-mêmes. Mais qu'est-ce qu'un peuple, une nation ? Sont-ils représentés par autre chose que par un groupe humain établi depuis des millénaires dans un espace géoclimatique particulier et dont le comportement a été façonné par ce cadre, l'ayant conduit à l'établissement d'une culture ? Alors il existe une nation bretonne, basque, corse, occitane, etc. Or, comme il n'est plus pensable pour ces ethnies de vivre en autarcie (ce qui d'ailleurs ferait la preuve chez elles d'une réelle intolérance), il faut bien qu'elles s'intègrent dans un système qui les englobe. Mais pourquoi ne pas les laisser décider elles-mêmes de la modalité des relations économiques, culturelles, politiques qu elles veulent entretenir avec cette structure abstraite qu'on appelle l'État et qui, nous l'avons vu, n'est guère plus que l'expres- sion institutionnalisée d'une hiérarchie de dominance ? Pourquoi apprendre aux petits Noirs du Sénégal, comme c'était le cas il n'y a pas encore si longtemps, que leurs ancêtres étaient les Gaulois, au moment où l'on interdisait l'emploi du gaélique aux Bretons ? Pourquoi, lorsque la dominance est passée des aristocrates aux bourgeois, a-t-il fallu cinq cent mille morts dans la chouannerie vendéenne, pour lui infliger la liberté, l'égalité, la fraternité ? Gette tolé- rance n'a-t-elle pas été acceptée en Alsace-Lorraine, où prêtres, pasteurs et rabbins sont payés par l'État ?

Le droit pour l'homme d'exprimer "librement" sa pen- sée, en d'autres termes de communiquer (mettre en commun) le résultat de ses déterminismes et de son expé- rience inconsciente du monde, de ses jugements de valeur, de ses préjugés, paraît être un droit qu'il peut être utile de développer si l'on désire permettre l'évolution culturelle de l'espèce par la combinatoire conceptuelle, comme la combi- natoire génétique, le mélange des différences génétiques a permis l'évolution biologique. Mais il faudrait surtout que cela ne débouche pas sur l'action fanatique, agressive, domi- natrice, sûre de son bon droit et de sa vérité, dont nous avons vu ce que nous pouvons en penser. Comment y parvenir dans l'ignorance de ce qui anime le discours, des mécanismes qui le font naître ? Si le meurtre intraspécifique n'existe pas chez l'animal, c'est sans doute parce qu'il ne parle pas.

Dans le monde présent, les dominances se sont établies sur la puissance des armes et la perfection de la technique, considérées comme le seul progrès, la seule raison d'être de l'espèce. Ceux qui, pour des raisons géoclimatiques millé- naires, n'ont pu en profiter, individus, ethnies -, se voient dépouillés du droit à la propriété. Leur seul droit est de se taire ou de tenter de suivre le même chemin que ceux qui les dominent : course aux diplômes, à l'industrialisation. Quand ce chemin leur paraît trop long à parcourir, pris comme tout névrosé dans un système manichéen qui interdit à la pulsion de se réaliser sans enfreindre les lois culturelles, c'est parfois l'explosion agressive, le retour à l'action, même inefficace, puisque leur langage n'est pas entendu : attaques à main armée, prises d'otages, etc. Et la bonne conscience de la société productiviste crie au scandale, appelle à la répression. Mais il n'est pas de méchants, il n'est que des souffrants (F. Gregh.). Dans cet aperçu très schématique, où peuvent bien se situer les "droits de l'homme" ? Son droit le plus strict est de vivre, de vivre sans souffrir.

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Dernière révision :19 Juillet, 2000